Note [original edition] : Ce vt. soulève
plusieurs questions. Tout d’abord, on a lieu de penser que seuls
certains éléments qui le composent peuvent être considérés comme
contemporains du vt. précédent ; ce sont ceux où l’on sent un préjugé
favorable envers les Chrétiens. L’hypothèse d’une addition repose sur
trois indices. D’une part le terme
rahbâniyya
« monachisme » qui n’est employé nulle part ailleurs donne un tour
nouveau à l’énumération puisqu’il vient après l’énoncé de deux vertus
abstraites : la mansuétude et la pitié. En second lieu, dans la suite de
la phrase, la pensée se concentre uniquement sur ce terme
« monachisme ». Enfin, il est singulier que ce vt. débute par une
discrimination favorable aux Chrétiens et s’achève par une sentence où
Chrétiens et Juifs sont confondus dans leur destin. Cette phrase sur le
monachisme suscite deux interprétations selon la fonction assignée à la
proposition :
Nous ne le leur avons pas prescrit.
La version
A fait de cette proposition une
incise ; Tab. et Nas. ne connaissent que cette interprétation ; Bay. et
Razi, au contraire, tout en la donnant en première ligne, admettent la
version
B ; dans ce cas, ils s’efforcent d’éviter
une contradiction dans les termes entre :
’ibtada‛û-hâ « qu’ils ont instauré » et :
Nous
ne le leur avons prescrit que dans la quête de l’agrément d’Allah :
ces deux commt. sont donc contraints de gauchir le sens de
’ibtada‛û-hâ « dont ils ont fait une pratique pieuse
mais non obligatoire ». La version
A a abouti à
l’interdiction du monachisme consacré dans la célèbre Tradition :
lâ rahbâniyyata fi-l-Islâm « pas de monachisme en
Islam ». Massignon, adoptant la version
B, a cru
pouvoir réfuter la réalité de cette interdiction, à partir du
Coran.