Note [original edition] : Ce vt. et les
deux suiv. constituent un tout dont les obscurités ne peuvent être élucidées
que si on les prend en bloc. L’expression :
entre les
deux = entre le Paradis et l’Enfer ǁ
ḥijâbun
« un voile ». C’est le seul sens qu’autorisent le Coran et l’arabe en
général. Mais il gêne les commt. qui glosent par
ḥâjiz « barrière » ou par
sûr « muraille ». Il
est toutefois hasardeux d’accepter cette dernière interprétation. ǁ
‛alā l-’A‛râfi « sur les
’A‛râf ».
On a préféré ne point traduire ce mot pour ne pas en fausser le sens. Une
étymologie populaire le fait dériver de
‛arafa
« connaître », verbe qui, précisément, est employé aussitôt après. Mais le
problème est plus complexe. Le thème
’a‛râf doit en
effet être rapproché du nom sing.
‛urf « crinière »,
« crête du coq », « crête, élévation du sol » et enfin « frange, bordure
d’un vêtement ». On peut donc se demander si
’A‛râf
« frange » ne recouvre point l’idée du latin
limbus
« bordure d’un vêtement » et, dans la langue de l’Église « les bords du
Paradis », les « Limbes ». L’exégèse islamique fournit, sur ce point, des
données intéressantes. Le terme
’A‛râf y évoque la
notion d’un obstacle ou d’un espace formant barrière entre le séjour des
Élus et celui des Damnés. Ici, le royaume des morts nous apparaît donc
divisé en trois régions, comme dans la conception chrétienne, et non plus
seulement en deux, comme partout ailleurs dans le Coran. Le second point qui
arrête les commt. est relatif aux occupants des
’A‛râf. Tab. fournit quatre réponses. Les « Hôtes des
’A‛râf » sont soit des Musulmans morts à la Guerre Sainte
mais partis sans le consentement des leurs ; — soit de saints Docteurs ; —
soit des Anges du sexe masculin ; — soit « des hommes dont les bonnes
actions et les mauvaises actions se contrebalancent en sorte qu’ils ont été
placés là jusqu’à ce qu’Allah décide pour eux ce qu’Il voudra et les fasse
entrer au Paradis ». De ces quatre interprétations, seule la dernière s’est
imposée en Islam. Il saute aux yeux qu’elle force cependant le texte
coranique. Celui-ci, en effet, met simplement en scène des hommes qui, après
avoir vu le châtiment des Damnés et les délices des Élus, implorent le
Seigneur de leur accorder leur place au Paradis. Il convient toutefois de
noter qu’elle ne dépasse point la donnée coranique qui nous montre seulement
dans les
’A‛râf un lieu intermédiaire entre le
Paradis et l’Enfer où quelques défunts se tiennent, incertains de leur sort
final. Les
’A‛râf sont donc un
lieu
d’attente.