Sourate XII.
Joseph.
Titre tiré du récit qui commence au vt. 4.
L’unité de cette sourate a été maintes fois signalée. Dans son état
actuel, on a ici le type parfait de l’homélie tripartite avec une courte
introduction (vt. 1-4), — l’histoire de Joseph dont les divers épisodes
sont ceux de la Genèse, XXXVII, XXXIX à XLV, mais
dont certains détails se retrouvent seulement dans la littérature
rabbinique, — une conclusion invitant les Incrédules à écouter la voix
de Dieu.
Joseph est le symbole du juste qui, guetté par sa peccabilité autant que
par la méchanceté des hommes, parvient pourtant à se maintenir dans la
voie de Dieu et à pardonner le mal qu’on lui fit en sa jeunesse.
Au nom d’Allah, le Bienfaiteur miséricordieux.
1 A. L. R. Ce sont les aya de
l’Écriture explicite.
[1]
2 Nous
l’avons fait descendre en une Prédication arabe [afin
que] peut-être vous raisonniez.
3 Par ce
que Nous t’avons révélé en cette Prédication, Nous te contons les plus beaux
contes, bien qu’avant cela tu aies certes été parmi les Insouciants.
[2]
[259]
[Joseph livré par ses frères.]
4 Quand
Joseph dit à son père : « Cher père ! j’ai vu [en
songe] onze étoiles ainsi que le soleil et la lune devant moi se
prosternant »,
[3]
5 [son
père] lui répondit : « Cher fils ! ne conte point ton rêve à tes frères,
sans quoi ils trameront contre toi une ruse. Le Démon est pour l’Homme un
ennemi déclaré.
6 Ainsi
ton Seigneur te choisira. Il t’enseignera l’interprétation des énigmes. Il
parfera envers toi Ses bienfaits ainsi qu’envers la famille de Jacob, comme
Il les a parfaits, avant toi, envers tes aïeux Abraham et Isaac. Ton
Seigneur est omniscient et sage. »
[4]
7
Certes, en Joseph et ses frères, ont été des signes pour ceux qui
interrogent,
8 quand
[ses frères] dirent : « Assurément, Joseph et son frère [Benjamin] sont, plus que nous, aimés de notre père. Nous sommes
cependant plusieurs. En vérité, notre père est certes dans un égarement
évident.
[5]
9 Tuons
donc Joseph ou éloignons-le en quelque terre ! La face de notre père ne
brillera plus que pour nous et, après la disparition de Joseph, nous
paraîtrons des gens sans tache. »
[6]
10 L’un
d’eux dit : « Ne tuons pas Joseph, mais jetons-le dans les profondeurs de
tel puits ! Quelques voyageurs le recueilleront si vous faites cela. »
[7]
11 —
« Père ! », dirent-ils [à Jacob], « pourquoi ne nous
fais-tu point
[260] confiance au sujet de Joseph ? En
vérité, nous sommes pour lui certes dévoués !
12
Envoie-le avec nous demain ! Il s’ébattra et jouera, et en vérité, nous
veillerons certes sur lui ! »
[8]
13 —
« Je suis certes triste », répondit [Jacob], « que vous l’emmeniez. Je
crains que le loup ne le mange tandis que vous serez insoucieux de lui. »
14 —
« Certes », répliquèrent-ils, « si le loup le mange alors que nous sommes
plusieurs, nous serons certes alors malchanceux ! »
15
Quand ils eurent emmené Joseph et furent tombés d’accord pour le jeter dans
les profondeurs d’un certain puits, [quand] Nous
eûmes révélé [à Joseph, pour le consoler] : « Tu leur
rediras, sans qu’ils le pressentent, leur actuel méfait ! »,
[9]
16 [quand] ils furent revenus le soir à leur père, en
pleurant, ils s’écrièrent : « Père ! Nous étions partis pour lutter à la
course et avions laissé Joseph auprès de nos effets, et le loup a mangé
[notre frère] ! Tu ne vas pas nous croire bien que nous soyons sincères. »
18
Ayant présenté [à Jacob] une tunique tachée d’un sang
qui n’était pas celui de Joseph, [Jacob] s’écria : « Vos âmes vous ont
suggéré un crime ! Douce patience ! Allah est Celui dont l’aide est demandée
contre ce que vous débitez ! »
[10]
19 Des
voyageurs arrivèrent. Ils dépêchèrent celui chargé de la corvée d’eau et il
jeta son seau [dans le puits]. « Bonne nouvelle ! »,
s’écria-t-il. « Voici un garçon ! », et ils le cachèrent pour le revendre.
[Mais] Allah était très savant de ce qu’ils
feraient.
[11]
20 Ils
se défirent [de Joseph] à vil prix — pour quelques dirham — [car] ils ne tenaient pas à le garder.
[12]
[261]
[Tentation de Joseph.]
21
L’homme qui, en Égypte, l’avait acheté, dit à sa femme : « Fais-lui bon
accueil ! Peut-être nous sera-t-il utile ou le prendrons-nous comme
enfant ». C’est ainsi que Nous établîmes Joseph en ce pays pour lui
apprendre quelque interprétation des énigmes. Allah est souverain [maître] de Son Ordre, mais la plupart des Hommes ne
savent point.
[13]
22
Quand Joseph eut atteint sa nubilité, Nous lui donnâmes Illumination (ḥukm) et Science. Ainsi Nous récompensons les
Bienfaisants.
23
Celle dans la demeure de qui il était le tenta de ses charmes. Elle ferma
bien les portes et dit : « Me voici à toi ! » — « Allah me préserve ! »,
s’écria Joseph. « Il est mon maître et il m’a fait bon accueil. En vérité,
les Injustes ne seront point les Bienheureux. »
[14]
24 Elle
et lui eussent cédé à leur pensée si [Joseph] n’avait point vu la
manifestation de son Seigneur. Ainsi Nous fîmes pour détourner de lui le mal
et l’ignominie. Il fut parmi Nos serviteurs dévoués.
[15]
25 Ils
coururent donc vers la porte et [la femme] déchira la tunique de Joseph, par
derrière, [en voulant le rejoindre]. Ils trouvèrent
l’époux de [cette dame] devant la porte et [la femme] s’écria : « Quelle est
la récompense de celui qui a eu mauvais dessein sur ton épouse, sinon la
prison ou un tourment cruel ? »
[16]
26 [Mais Joseph] interrompit : « C’est elle qui m’a tenté de
ses charmes ! » Un témoin de la famille [de la dame] attesta que, si la
tunique de [Joseph] était déchirée par devant, [la femme] était sincère,
tandis que [Joseph] était un menteur,
[17]
27 mais
que si sa tunique était déchirée par derrière, c’était elle qui mentait,
tandis que [Joseph] était sincère.
[262] 28 Ayant vu que la tunique était déchirée par derrière,
[le maître de Joseph] cria : « C’est là un fait de votre artifice de
femmes ! Votre artifice est immense !
[18]
29
Joseph ! détourne [ta pensée] de cela ! et [toi, femme !,] demande pardon de ton péché ! Tu es parmi
les fautifs. »
30 Dans
la ville [cependant], des femmes dirent : « La femme
du Puissant a tenté de ses charmes son valet qui l’a percée d’amour pour
lui. En vérité, nous la voyons certes dans un égarement évident. »
[19]
31
Ayant ouï leur artifice, [la coupable] dépêcha [quelqu’un] vers elles, leur fit préparer des oranges et donna à
chacune d’elles un couteau. « Entre auprès d’elles ! », ordonna-t-elle [à Joseph]. Quand [les femmes] l’eurent aperçu, elles le
trouvèrent si beau qu’elles se tailladèrent les mains [dans leur émoi] et s’écrièrent : « A Dieu ne plaise ! Ce n’est pas un
mortel ! C’est un noble archange ! »
32 [La
femme coupable] dit : « Voici celui à propos de qui vous m’avez blâmée. Je
l’ai certes tenté de mes charmes, mais il est resté impeccable. Si néanmoins
il ne fait pas ce que je lui ordonne, il sera certes emprisonné et se
trouvera parmi les misérables ! »
33 —
« Seigneur ! », s’écria [Joseph], « la prison m’est plus aimable que ce à
quoi me convient ces femmes. [Pourtant], si Tu ne
détournes point de moi leur artifice, je céderai à leurs blandices et serai
parmi les Sans Loi. »
34 Son
Seigneur l’exauça et écarta de lui leur artifice. Il est l’Audient,
l’Omniscient.
[Emprisonnement de Joseph. Ses prédictions.]
35 Plus
tard, après qu’ils eurent vu les signes, il parut bon [aux Égyptiens]
d’emprisonner [Joseph] pour un temps.
36 Avec
lui, deux adolescents entrèrent dans la prison. L’un d’eux déclara : « Je me
vois [en songe] broyant du raisin. » Et l’autre dit :
« Je me vois [en rêve] portant sur ma tête des pains
dont picorent les oiseaux. Avise-nous, [Joseph], de
l’interprétation de ces songes ! Nous te verrons parmi les
Bienfaisants. »
[20]
[263] 37 — « La nourriture qui vous est attribuée ne vous
parviendra point », répondit [Joseph], « que je ne vous aie avisés de
l’interprétation de ces songes, avant qu’ils ne se réalisent. Cela [vient] de ce que m’enseigna mon Seigneur. J’ai abandonné
la religion [milla] d’un peuple qui ne croyait point
en Allah et qui était incrédule en la [Vie]
Dernière.
[21]
38 J’ai
suivi la religion [milla] de mes ancêtres Abraham,
Isaac et Jacob. Il ne nous appartient pas d’associer quoi que ce soit à
Allah. C’est là [une] faveur d’Allah pour nous et
pour les Hommes. Mais la plupart des Hommes ne sont pas reconnaissants.
39 O
vous, mes compagnons de prison !, des dieux séparés vaudraient-ils mieux
qu’Allah, l’Unique, l’Invincible ?
40 Ceux
que vous adorez, en dehors de Lui, ne sont que des noms dont vous les avez
nommés, vous et vos ancêtres. Allah ne fit descendre avec eux aucune
probation. Le Jugement n’appartient qu’à Allah. Il a ordonné que vous
n’adoriez que Lui. C’est la Religion immuable. Mais la plupart des Hommes ne
savent point.
41 O
vous, mes compagnons de prison !, l’un de vous sera l’échanson de son
maître. Quant à l’autre, il sera crucifié et les oiseaux lui picoreront la
tête. Décrété est l’Ordre sur lequel vous me consultez. »
[22]
42 Et
[Joseph] ajouta à celui qui, des deux, se jugeait sauvé : « Rappelle-moi
auprès de ton maître ! » [Mais] le Démon lui fit
oublier, [rendu à la liberté], de rappeler [Joseph] à son maître, et [Joseph] demeura en prison
plusieurs années.
[23]
[Songes de Pharaon interprétés par Joseph.]
43 Le
roi [d’Égypte] dit : « Je vois [en
songe] sept vaches grasses que mangent sept vaches maigres [et je vois] sept épis verts et sept épis desséchés.
Conseil ! (malâ’), éclairez-moi sur mon rêve si vous
êtes capable d’interpréter les rêves ! »
[24]
44 —
« Amas de visions », répondirent-ils. « Nous ne sommes point savants dans
l’interprétation des visions. »
45 Or
celui des deux [prisonniers] qui avaient échappé
s’écria, s’amendant
[264] après réflexion : « Moi, je
vais vous aviser de l’interprétation de [ce songe]. Dépêchez-moi ! »
46
47
[Joseph] répondit : « Vous sèmerez durant sept années selon la coutume et,
ce que vous moissonnerez, laissez-le en épis, sauf une petite part que vous
mangerez.
48
Ensuite viendront sept années de disette qui dévoreront ce que vous aurez
amassé, en prévision d’elles, sauf une petite part que vous réserverez.
49
Puis, après cela, viendra une année où les gens seront secourus et iront au
pressoir. »
[26]
50
51 [Ayant entendu le rapport de son Échanson et ayant convoqué les
femmes coupables], [le roi] demanda : « Quel était votre propos, [femmes !,] quand vous avez tenté Joseph de vos
charmes ? » — « A Dieu ne plaise ! », répondirent-elles. « Nous ne lui
connaissons aucune mauvaise action. » Et la femme du Puissant ajouta :
« Maintenant, la vérité éclate. C’est moi qui ai tenté [Joseph] de mes
charmes, et il est parmi les véridiques.
[28]
52 [Je dis] cela pour que [le roi] sache que je ne le trahis
point, hors de sa vue, et qu’Allah ne dirige point l’artifice des Traîtres.
53 Je
ne m’innocente point. En vérité, l’âme est certes instigatrice
[265] du mal ! [Je ne désire] que la
miséricorde de mon Seigneur. Mon Seigneur est absoluteur et
miséricordieux. »
54 Le
roi dit : « Amenez-moi [Joseph. !] Je l’attache à ma personne. » Quand il
lui eut parlé, il lui dit : « Aujourd’hui tu es auprès de moi bien en place
et en confiance. »
[29]
55
Joseph répondit : « Place-moi à la tête des magasins de ce pays ! Je suis
bon gardien et très savant. »
56
C’est ainsi que Nous établîmes Joseph en ce pays où il s’installait partout
où il voulait. Nous touchons de Notre grâce (raḥma)
qui Nous voulons et Nous ne laissons point se perdre la rétribution des
Bienfaisants.
57
Cependant, la rétribution de la [Vie] Dernière est
certes meilleure pour ceux qui auront cru et été pieux.
[Joseph confondant ses frères.]
58 Les
frères de Joseph vinrent et, étant entrés auprès de lui, Joseph les reconnut
alors qu’eux ne le remirent point.
[30]
59
Quand il les eut pourvus de leurs provisions, il dit : « Amenez-moi un frère
à vous [resté près] de votre père ! Ne voyez-vous pas
que je fais bonne mesure et que je suis le meilleur des hôtes ?
[31]
60 Si
vous ne me l’amenez point, pas de grains pour vous chez moi et ne
m’approchez plus ! »
61 —
« Nous amènerons son père à le laisser [venir] »,
répondirent-ils. « En vérité, certes nous [le]
ferons ! »
62
[Joseph] dit à ses valets : « Remettez leurs marchandises [apportées en troc], dans leurs bagages ! Sans doute les
reconnaîtront-ils, de retour parmi les leurs, et peut-être reviendront-ils
[pour les restituer]. »
[32]
[266] 63 Revenus auprès de leur père, [les frères de Joseph]
dirent : « Le grain nous a été refusé. Envoie avec nous notre frère [Benjamin] ! Nous recevrons du grain. En vérité, nous
veillerons certes sur [notre frère]. »
64 —
« Votre sauvegarde pour [Benjamin] est-elle autre que celle fournie par
vous, antérieurement, pour son frère [Joseph] ? Allah est le meilleur
protecteur et Il est le plus miséricordieux des Miséricordieux. »
65
Quand ils eurent ouvert leurs bagages, ils trouvèrent que leurs marchandises
leur avaient été rendues. « Père ! », dirent-ils, « que désirer ? Voici que
nos marchandises nous ont été rendues. Nous approvisionnerons notre famille.
Nous protégerons notre frère [Benjamin] et ajouterons
le chargement en grain d’un chameau : c’est un chargement peu
considérable. »
[33]
66 —
« Je n’enverrai [Benjamin] avec vous », répondit [Jacob], « que lorsque vous
aurez pris l’engagement [au nom] d’Allah de me le
ramener, sous peine d’être anéantis. » Quand ils eurent pris cet engagement,
[Jacob] leur dit : « Allah est garant de ce que nous disons. »
67 Et
il ajouta : « O mes fils !, n’entrez point [dans la
ville] par une seule porte, mais entrez par des portes séparées ! Je ne
vous servirai à rien contre Allah. La décision n’appartient qu’à Allah. Sur
Lui je m’appuie et que, sur Lui, s’appuient ceux qui s’appuient sur
Lui. »
[34]
68
69
Quand ils furent entrés auprès de Joseph, celui-ci retint auprès de lui son
frère [Benjamin]. « Je suis ton frère », lui
confia-t-il. « Ne te désespère point de ce qu’ils ont fait ! »
70 Les
ayant donc munis de leurs provisions, [Joseph] fit mettre sa coupe à boire
dans la [sacoche de la] selle de son frère [Benjamin], puis il
[267] fit
proclamer par son héraut, avant que la caravane ne se mît en marche :
« Caravaniers ! en vérité, vous êtes certes des voleurs ! »
71 [Les
frères de Joseph], venant vers [les Égyptiens], dirent : « Que
cherchez-vous ? »
72 —
« Nous recherchons la coupe du roi », répondit [le héraut], « et quiconque
la rapportera aura certes une charge de chameau [en
récompense]. J’en suis garant. »
73 —
« Par Allah ! », répondirent [les frères de Joseph], « vous savez que nous
ne sommes pas venus pour semer le scandale en ce pays. Nous ne sommes point
des voleurs. »
74 [Les
Égyptiens] dirent : « Quelle sera la « récompense » de ce vol, si vous
mentez ? »
[36]
75 [Les
frères de Joseph] répondirent : « La « récompense » de ce vol sera que celui
dans la sacoche de qui la coupe sera retrouvée [restera
esclave ici]. Ce sera sa « récompense ». Ainsi nous « récompensons »
les Injustes ».
[37]
76 [Le
héraut] commença par leurs sacoches avant celle de leur frère [Benjamin]. [Enfin] [les Égyptiens]
tirèrent [la coupe] de la sacoche de leur frère [Benjamin]. Ainsi Nous fîmes ourdir cet artifice à Joseph. Il ne
pouvait en effet prendre son frère en caution du roi sans que Allah le
voulût. Nous élevons en degré qui Nous voulons et, au-dessus de tout homme
détenant la science, est un Omniscient.
[38]
77 [Les
frères de Joseph] dirent : « S’il a volé, un sien frère avant lui a volé
également. » Joseph tint secrète sa pensée et ne la montra point et il dit :
« Vous êtes dans la pire position et Allah sait très bien ce que vous
insinuez. »
[39]
78 —
« O Puissant ! », répliquèrent [les frères], « [Benjamin] a un père âgé et
chargé d’ans. Prends l’un de nous à sa place ! Nous te compterons parmi les
Bienfaisants ».
79 —
« Allah me garde de prendre un autre que celui chez qui nous avons trouvé
notre bien. [Si nous le faisions], nous serions en
vérité alors certes injustes. »
[268] 80 Désespérant de le fléchir, ils se consultèrent. L’aîné
dit : « Ne savez-vous point que votre père a requis sur vous un engagement
[au nom] d’Allah ? [Ne savez-vous
point] ce qu’antérieurement vous avez commis envers Joseph ? Je ne
quitterai point ce pays avant que mon père me l’ait permis ou qu’Allah ait
jugé en ma faveur. Il est le meilleur des Juges.
81
Retournez à notre père et dites[-lui] : « Père ! ton
fils a volé. Nous n’attestons que ce que nous savons. Nous n’étions point
garants de l’Inconnaissable.
82
Interroge [les gens de] la cité où nous étions et la
caravane avec laquelle nous étions partis. En vérité, nous sommes certes
sincères. »
83 —
« Non point ! », répondit [Jacob.] « Votre âme vous a suggéré un crime.
Douce patience ! Peut-être Allah me les rendra-t-Il tous ! Il est
l’Omniscient, le Sage. »
84
[Puis] il se détourna d’eux et s’écria : « Hélas ! ô Joseph ! » et ses yeux,
de tristesse, devinrent aveugles et il était accablé.
85 [Ses
fils lui] dirent : « Par Allah ! cesse d’évoquer
Joseph jusqu’à te consumer et courir à ta perte ! »
86 —
« Je me plains seulement à Allah de mon déchirement et de ma tristesse et je
sais, par Allah, ce que vous ne savez point.
87
Fils ! partez et enquérez-vous de Joseph et de son frère ! Ne désespérez
point de l’esprit (rûḥ) d’Allah, car ne désespère de
l’esprit d’Allah que le peuple des Infidèles. »
88
Entrés auprès de Joseph, ils dirent : « O Puissant ! nous et notre famille
avons été touchés par le malheur. Nous apportons une marchandise de peu de
prix. Fais-nous bonne mesure [de grains] et fais-nous l’aumône : Allah
récompense ceux qui aumônent. »
[40]
89 —
« Savez-vous », demanda [Joseph], « ce que vous avez fait à Joseph et à son
frère alors que vous étiez sans loi ? »
90 —
« En vérité, serais-tu certes Joseph ? » — « Je suis Joseph et celui-ci est
mon frère. Allah nous a comblés. Quiconque est pieux et constant… Allah ne
fait point perdre la rétribution des Bienfaisants. »
91 —
« Par Allah ! », dirent [les frères], « Allah t’a préféré à nous et nous
avons été fautifs ! »
92
[Joseph] répondit : « Que nul reproche ne tombe sur vous aujourd’hui !
[269] Allah vous pardonnera. Il est le plus miséricordieux
des Miséricordieux.
93
Emportez ma tunique que voici et appliquez-la sur la face de mon père ! Il
recouvrera la vue. [Puis] amenez-moi ma famille tout
entière ! »
94
Quand la caravane fut sur le retour, Jacob dit : « Je décèle certes l’odeur
de Joseph. Puissiez-vous ne pas m’accuser de radotage ! »
[41]
95 —
« Par Allah !, en vérité », lui répondit-on, « tu es dans ton ancien
égarement ! »
96 [Mais] quand le porteur de la bonne nouvelle arriva, il
appliqua la tunique [de Joseph] sur la face [de Jacob] : celui-ci recouvra
la vue.
97/96 « Ne vous disais-je point », fit-il, « que je sais,
par Allah, ce que vous ne savez point ? »
98/97 — « Père ! », répondirent [ses fils], « demande pardon
à Allah pour nous, de nos péchés ! Nous avons été fautifs ».
99/98 — « Je demanderai pour vous pardon à mon Seigneur. Il
est l’Absoluteur, le Miséricordieux. »
[Réunion de Joseph et des siens, en Égypte.]
100/99 Quand ils furent [tous] entrés
chez Joseph, celui-ci accueillit ses père et mère et dit : « Entrez en
Égypte en paix, si Allah le veut ! »
101/100 Il fit monter ses père et mère sur le
trône et [les autres] tombèrent prosternés. « Cher
père ! », dit Joseph, « voici l’explication de mon rêve de jadis. Mon
Seigneur en a fait une réalité. Il a été bon envers moi en me faisant sortir
de prison et en vous amenant [du pays] des Bédouins,
après que le Démon eut mis la rupture entre mes frères et moi. Mon Seigneur
est subtil pour ce qu’Il veut. Il est l’Omniscient, le Sage.
102/101 Seigneur ! Tu m’as certes donné [une parcelle] de la souveraineté. Tu m’as enseigné [une partie] de l’interprétation des énigmes. O Créateur
(fâṭir) des Cieux et de la Terre ! Tu es mon
protecteur en la [Vie] Immédiate et Dernière !
Rappelle-moi (tawaffā), soumis [à Toi], et fais-moi
rejoindre les Saints ! »
[270]
[Péroraison.]
103/102 Ce récit est parmi les récits (’anbâ’) de l’Inconnaissable que Nous te révélons, car tu
n’étais point parmi eux quand [les frères de Joseph] tombèrent d’accord et
ourdirent leur machination.
103 La plupart des
Hommes, même si tu le convoitais, ne seraient pas croyants.
104 Tu ne leur
demandes pour cela nul salaire. C’est une Édification pour le monde (‛âlamîn).
105 Que de signes
dans les cieux et [sur] la terre près desquels [les
Hommes] passent et dont ils se détournent !
106 La plupart
d’entre eux ne croient point en Allah sans être des Associateurs.
107 Eh quoi !
sont-ils à l’abri qu’un coup du Tourment d’Allah les atteigne ? [Sont-ils à l’abri] que l’Heure les atteigne à
l’improviste et sans qu’ils [le] pressentent ?
108 Dis : « Ceci est
mon Chemin. En toute clairvoyance, j’appelle à Allah, moi et ceux qui me
suivent. Gloire à Allah ! Je ne suis point parmi les Associateurs. »
109 Nous n’avons
envoyé, avant toi, que des hommes originaires des cités, à qui Nous
envoyions révélation. [Tes contemporains] n’ont-ils point parcouru la terre
et considéré quelle fut la fin de ceux qui furent avant eux ? Certes, le
séjour de la [Vie] Dernière est meilleur pour ceux
qui auront été pieux. Eh quoi ! ne raisonnerez-vous point ?
[42]
110 Quand enfin les
Apôtres désespérèrent et pensèrent qu’ils avaient été traités d’imposteurs,
Notre secours leur vint. Ceux que Nous voulions furent sauvés, alors que
Notre rigueur ne saurait être détournée du peuple des Coupables.
111 Dans les dits
sur ces Apôtres se trouve certes un Enseignement pour ceux doués d’esprit.
Ce n’est pas là un propos forgé, mais la déclaration de véracité (taṣdîq) des messages antérieurs, l’exposé détaillé de
toute chose, une Direction et une Grâce (raḥma) pour
un peuple qui croit.