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Blachère, 1957

Sourate XVIII.
La Caverne.
(Al-Kahf.)

Titre tiré du vt. 8.

Cette sourate jouit d’une grande considération en Islam. Elle est traditionnellement récitée dans les mosquées, le vendredi.

L’exégèse la considère comme mekkoise avec des additions médinoises. Il n’est pas aisé, dans l’état actuel du texte, de retrouver le début et la fin des développements servant de liaison entre les parties narratives qui constituent la charpente de l’ensemble.

[318] Au nom d’Allah, le Bienfaiteur miséricordieux.

[Introduction.]

1 Louange à Allah qui fit descendre sur Son serviteur l’Écriture et n’y mit point de tortuosité,

2 [mais la fit] droite pour avertir d’une calamité sévère venant de Lui et annoncer aux Croyants qui accomplissent les œuvres pies, qu’ils auront un beau salaire, [un jardin]

2/3 où ils resteront accoudés éternellement,

3/4 pour avertir [aussi] ceux qui disent qu’Allah a pris des enfants.

4/5 [Ni ces gens] ni leurs pères n’ont connaissance d’Allah. Monstrueux est le mot qui sort de leurs bouches. Ils ne disent qu’un mensonge.

5/6 Peut-être [, Prophète !], vas-tu te consumer de chagrin à les suivre s’ils ne croient point en ce discours ?

6/7 Nous avons fait de ce qui est sur la terre une parure pour elle afin d’éprouver lequel d’entre eux est le meilleur en œuvres.

7/8 En vérité, Nous ferons certes de ce qui est sur [la terre] un sol dénudé. [1]

[Histoire des sept dormants.]

8/9 Penses-tu que les Hommes de la Caverne et d’ar-Raqîm soient, parmi Nos signes, une merveille ? [2]

9/10 … Quand les jeunes gens se réfugièrent dans la caverne et dirent : « Seigneur ! accorde-nous, de Ta part, une miséricorde, et donne-nous rectitude en notre conduite ! »

10/11 Nous fîmes le silence à leurs oreilles, dans la caverne, pendant nombre d’années. [3]

11/12 Puis Nous les rappelâmes pour savoir laquelle des deux factions saurait le mieux compter la durée de ce qu’ils demeurèrent [dans la caverne].

24 Et ils demeurèrent, dans leur caverne, trois cents années [auxquelles] ils ajoutèrent neuf [années].

25 Réponds : « Allah sait très bien ce qu’ils demeurèrent. A Lui appartient l’Inconnaissable des cieux et de la terre. Combien Il est voyant et audient ! En dehors de Lui, ils n’ont nul patron (wali) et Il n’associe personne à sa décision. »

12/13 Nous, Nous te raconterons leur histoire (nabâ’) avec vérité. C’étaient des jeunes gens qui crurent en leur Seigneur et à qui Nous accordâmes les plus grands moyens de se diriger.

13/14 Nous fortifiâmes leur courage quand ils se levèrent et dirent : « Notre Seigneur est le Seigneur des Cieux et de [319] la Terre. Nous ne prierons pas de divinité en dehors de Lui. [Si nous le faisions], nous dirions certes alors une abomination !

14/15 Ces gens-ci ont pris, en dehors de Lui, des divinités. Ah ! s’ils apportaient encore claire justification [sulṭân], envers eux-mêmes ! Qui donc est plus injuste que celui qui forge contre Allah un mensonge ?

15/16 Quand vous aurez fui [ces gens] et ce qu’ils adorent en dehors d’Allah, réfugiez-vous dans la caverne ! Votre Seigneur répandra sur vous [un peu] de Sa miséricorde et disposera pour vous un adoucissement à votre sort. »


16/17 … Tu aurais vu le soleil, à son lever, s’écarter à droite de leur caverne, et, à son coucher, les effleurer à gauche, alors qu’ils se trouvaient au centre [de la caverne]. C’est là un des signes d’Allah. Celui que conduit Allah est dans la bonne direction et celui qu’Il égare ne se trouvera aucun patron (wali) pour le diriger. [4]

17/18 Tu les aurais crus éveillés alors qu’ils dormaient. Nous les retournions sur le côté droit et sur le côté gauche, tandis que leur chien, les pattes de devant étendues, était sur le seuil, Si tu les avais aperçus, tu aurais pris la fuite et eusses été, devant eux, empli d’effroi.

18/19 Ainsi, Nous les rappelâmes afin qu’ils s’interrogeassent mutuellement. L’un d’entre eux dit : « Combien êtes-vous demeurés [ici] ? » [320] — « Nous sommes », répondirent [les autres], « demeurés un jour ou une partie d’un jour ». — « Notre Seigneur », reprirent-ils, « sait très bien ce que nous sommes demeurés ici. Envoyons l’un de nous avec cette monnaie que voici, à la ville ! Qu’il cherche le marchand dont la nourriture est la plus pure et qu’il nous en apporte ! Qu’il soit civil et qu’il ne donne l’éveil à personne sur vous ! [5]

19/20 Si [les gens] apprennent notre existence, ils nous lapideront ou bien nous réintégrerons dans leur religion (milla) et alors nous ne serons jamais des Bienheureux ».

20/21 Ainsi, Nous les décelâmes aux gens [de la cité] pour qu’ils comprissent que la promesse d’Allah est vérité et que l’Heure n’est pas objet de doute. [Nous les décelâmes], lorsque [les habitants de la ville], tiraillés entre eux à leur propos, déclarèrent : « Construisez sur eux une construction : leur Seigneur les connaît bien ! » Ceux qui l’emportèrent, à leur propos, dirent : « Élevons donc sur eux un sanctuaire (masjid) ! » [6]


21/22 Ils diront : « [Ils étaient] trois, le quatrième étant leur chien. » [Ou] ils diront, visant l’Inconnaissable : « [Ils étaient] cinq, le sixième étant leur chien. » [Ou bien] ils diront [encore] : « [Ils étaient] sept, leur chien étant le huitième. » Réponds[-leur] : « Mon Seigneur connaît bien leur nombre. Ne le connaissent que peu [de gens]. » [7]

22 Ne dispute donc, à leur sujet, que d’une manière superficielle et, à leur sujet, ne questionne personne parmi eux. [8]

23 Tu ne diras certes plus à propos de quelque chose : « Je ferai cela demain », [9]

[321] 23/24 sinon [en ajoutant] : « Qu’Allah le veuille ! » Invoque ton Seigneur quand tu es oublieux et dis : « Peut-être Mon Seigneur me dirigera-t-Il vers ce qui est directement plus proche que cela ! »


24/25 Et ils demeurèrent, dans leur caverne, trois cents années [auxquelles] ils ajoutèrent neuf [années].

25/26 Réponds : « Allah sait très bien ce qu’ils demeurèrent. A Lui appartient l’Inconnaissable des cieux et de la terre. Combien Il est voyant et audient ! En dehors de Lui, ils n’ont nul patron (wali) et Il n’associe personne à Sa décision. »

[Conclusions : ordre a Mahomet de poursuivre sa mission. Jugement dernier.]

26/27 Et communique ce qui t’est révélé de l’Écriture de ton Seigneur ! (Nul modificateur à Son verbe !) et tu ne trouveras pas de refuge en dehors de Lui. [10]

27/28 Fais œuvre de constance avec ceux qui prient leur Seigneur le matin et le soir, désirant Sa face ! Que tes yeux ne se détachent pas d’eux, désirant [le faux] brillant de la Vie immédiate ! N’obéis point à celui dont le cœur a été, par Nous, rendu insoucieux de Notre Édification, [à celui qui] suit sa passion et dont le comportement est insolence.

28/29 Et dis : « La Vérité émane de votre Seigneur. Quiconque le veut, qu’il soit croyant, et quiconque le veut, qu’il soit infidèle ! » Nous avons préparé, pour les Injustes, un feu dont les flammes les entoureront. S’ils appellent au secours, on les secourra avec une eau comme de l’airain [fondu] qui brûle les visages. Quel détestable breuvage ! Quel abominable séjour !

29/30 Ceux qui auront cru et pratiqué les œuvres pies [seront récompensés] : Nous ne laissons pas perdre le salaire de qui a fait de bonnes actions.

30/31 Ceux-là auront les Jardins d’Eden, à leurs pieds couleront des ruisseaux ; là, ils seront parés de bracelets d’or, vêtus de vêtements [322] verts de soie et de brocart, accoudés sur des sofas. Quelle excellente rétribution et quel beau séjour !

[Parabole du maître des jardins.]

31/32 Et propose-leur, en parabole, deux hommes à l’un desquels Nous donnâmes deux jardins [plantés] de vignes que Nous entourâmes de palmiers et séparâmes par des céréales.

32a/33 Nous fîmes jaillir un ruisseau entre eux.

31/33 Les deux jardins donnèrent leur récolte, ne lésèrent en rien leur maître et celui-ci eut des fruits.

32/34 Et il dit à son compagnon à qui il parlait : « J’ai plus de bien que toi et suis plus puissant par [mon] clan. »

33/35 Il entra dans son jardin et, coupable envers soi-même, il dit : « Je ne pense point que ceci périsse jamais.

34/36 Je ne pense pas que l’Heure survienne et certes, si je suis ramené à mon Seigneur, je trouverai meilleur lieu de retour que ce jardin. »

35/37 Son compagnon, lui adressant la parole, lui dit : « Serais-tu ingrat envers Celui qui te créa de poussière, puis de sperme, puis te donna forme humaine ? »

36/38 Moi toutefois [je dis] : « Il est Allah, mon Seigneur, et je n’associe personne à mon Seigneur. » [11]

37/39 Ah ! si tu étais entré dans ton jardin et avais dit : « [Arrive] ce qu’Allah voudra ! Nulle force sinon en Allah ! » Si tu me vois, moi, moins pourvu que toi de biens et d’enfants,

38/40 peut-être [en revanche] Allah me donnera-t-Il mieux que ton jardin ! [Peut-être] déchaînera-t-Il contre celui-ci les foudres du ciel, en sorte qu’il deviendra sol dénudé.

39/41 Peut-être son eau disparaissant en terre, ne pourras-tu plus la retrouver. »

40/42 [C’est ce qui advint], et ses fruits ayant été anéantis, le maître du jardin se prit à se tordre les mains pour ce qu’il avait dépensé dans [son jardin] alors vide [de raisin] sur ses treilles. Il criait : « Plût au ciel que je n’eusse associé personne à mon Seigneur ! »

41/43 Contre Allah, il n’a point eu de bande pour le secourir et il n’a pas été secouru.

[323] 42/44 En l’occurrence, la tutélaire protection appartient à la Vérité, à Allah, et Il est le meilleur en [Sa] récompense et en [la] fin [qu’Il accorde].

[Vanité de la vie d’ici-bas.]

43/45 Et propose-leur la parabole de la Vie Immédiate comparée à une eau que Nous avons fait descendre du ciel et dont se gorgent les plantes de la terre. Celles-ci deviennent herbage desséché que dispersent les vents. Allah sur toute chose est tout-puissant. [12]

44/46 Les biens, les fils sont la parure [éphémère] de la Vie Immédiate. Cependant les œuvres impérissables, les œuvres pies ont meilleure récompense auprès de ton Seigneur, et meilleure espérance

45/47 au jour où Nous mettrons les montagnes en marche, où tu verras la terre [rasée] comme une plaine, où Nous rassemblerons [les Humains] sans laisser personne parmi eux.

46/48 [Le jour où] ils seront exposés à ton Seigneur, en rangs, [il leur sera dit] : « Vous venez à Nous comme Nous vous avons créés à votre naissance. Pourtant, ne prétendiez-vous pas que Nous ne saurions tenir [Notre] promesse ? » [13]

47/49 Le Registre (kitâb) [des actions de tous] sera posé. Tu verras les Coupables émus de ce qu’il contient et ils diront : « Malheur à nous ! pourquoi ce Registre n’omet-il pas de compter [toute action] petite ou grande ? » Ce qu’ils auront fait, ils le trouveront présent, et ton Seigneur ne lésera personne.

48/50 … Et quand Nous dîmes aux Anges : « Prosternez-vous devant Adam ! » Ils se prosternèrent donc, sauf Iblis [qui] était parmi les Djinns et fut pervers à l’ordre d’Allah. « Eh quoi ! le prendrez-vous ainsi que ses suppôts comme patrons (’awliyâ’) en dehors de Moi, alors qu’ils sont pour vous des ennemis ? Quel exécrable échange pour les Injustes ! »

[Réponse aux incrédules.]

49/51 Je ne les ai point pris comme témoins lors de la création des cieux et de la terre, ni lors de leur propre création, et Je n’ai pas pris comme aide ceux qui égarent. [14]

[324] 50/52 Et le jour où [Allah] dira : « Appelez ceux que vous prétendez être Mes Associés ! », [ce jour où les] ayant priés, ils ne les exauceront point, car Nous placerons entre eux un abîme :

51/53 [alors] le Feu sera derrière les Coupables et ils penseront qu’ils s’y précipitent et ne trouveront nul moyen de s’[en] écarter.

52/54 Et certes, Nous avons adressé aux Hommes, dans cette Prédication, toutes sortes d’exemples, [mais] l’Homme est le plus ratiocineur des êtres.

53/55 Les Hommes n’ont été empêchés de croire ou d’implorer le pardon de leur Seigneur, quand la Direction est venue à eux, que par [leur refus d’admettre] que le sort traditionnel (sunna) de leurs ancêtres les atteindra et que le Tourment les touchera de face.

54/56 Nous n’envoyons les Envoyés que comme Annonciateurs et Avertisseurs, [mais] ceux qui ne croient point disputent avec le Faux pour annihiler la Vérité. Ils ont pris en raillerie Nos signes et ce dont ils ont été avertis.

55/57 Or, qui donc est plus injuste que celui qui, ayant été édifié par les signes de son Seigneur, s’en détourne et oublie les œuvres de ses mains ? Nous avons placé sur leur cœur des enveloppes [afin] qu’ils ne comprennent pas, et Nous avons mis une fissure dans leurs oreilles.

56/57 Si même tu les appelles vers la Direction, ils ne se trouveront jamais dans la bonne direction.

57/58 Ton Seigneur est l’Absoluteur plein de miséricorde. S’Il les reprenait pour ce qu’ils ont accompli, Il leur appliquerait promptement le Tourment. Ils ont cependant une promesse à laquelle ils ne sauraient échapper.

58/59 Nous avons fait périr les habitants de ces Cités quand ils eurent été injustes et avons fait promesse de les faire disparaître.

[Histoire de Moïse et du Serviteur de Dieu.]

59/60 Et quand Moïse dit à son valet : « Je n’aurai de cesse que j’aie atteint le Confluent des Deux Mers, dussé-je marcher des années. »

60/61 Quand ils eurent atteint le Confluent des Deux Mers, ils oublièrent leur poisson qui reprit son chemin dans la mer, en frétillant.

61/62 Quand tous deux eurent dépassé [ce lieu], Moïse dit à son valet : « Donne-nous notre repas ! Nous avons certes éprouvé fatigue du fait de notre voyage. »

62/63 [Le valet] répondit : « Que t’en semble ? Quand nous avons trouvé [325] refuge près du Rocher, j’ai oublié le poisson — seul le Démon, m’empêchant d’y penser, me l’a fait oublier ! — et il a repris miraculeusement son chemin dans la mer. »

63/64 — « C’est ce que nous cherchions », répondit Moïse, et ils revinrent exactement sur leurs pas.

64/65 Ayant trouvé un de Nos serviteurs à qui Nous avions donné Grâce [raḥma] issue de Nous et à qui Nous avions enseigné Science émanant de Nous,

65/66 Moïse lui dit : « Puis-je te suivre à condition que tu m’enseignes [un peu] de ce qui te fut enseigné, en rectitude ? »

66/67 — « Tu ne pourras [avoir] patience avec moi », lui répondit [ce serviteur].

67/68 « Comment patienterais-tu devant ce que tu n’embrasses point en [ton] expérience ? »

68/69 [Mais Moïse] répondit : « S’il plaît à Allah, tu me trouveras patient et je ne désobéirai point à ton ordre. »

69/70 — « Si tu me suis », dit [alors ce serviteur], « ne m’interroge sur rien jusqu’à ce que je suscite pour toi d’en parler ».

70/71 Ils partirent tous deux jusqu’à ce qu’étant montés sur un vaisseau, [Notre serviteur] y fit une brèche. « As-tu fait une brèche dans ce vaisseau pour engloutir ceux qui s’y trouvent ? » demanda [Moïse]. « Tu as certes commis une chose monstrueuse ! »

71/72 « Ne t’avais-je pas dit », reprit [l’autre], « que tu ne pourrais [avoir] patience avec moi ? »

72/73 — « Ne me reprends point d’avoir oublié ! », dit [alors Moïse], « et ne me soumets point à trop rude épreuve ! » [15]

73/74 Ils repartirent jusqu’à ce qu’ils rencontrassent un adolescent. [Notre serviteur] le tua et [Moïse] dit : « [N’]as-tu [pas] tué une personne innocente de tout homicide ? Tu as certes commis une chose blâmable ! » [16]

74/75 [Mais l’autre] répliqua : « Ne t’avais-je pas dit que tu ne pourrais [avoir] patience avec moi ? »

75/76 — [« Tu dis vrai »], fit [Moïse]. « Si désormais je t’interroge sur quelque chose, ne me garde point comme compagnon ! Tu as de moi mes excuses. »

76/77 Ils repartirent jusqu’à ce qu’ils vinssent à une cité aux habitants [326] de laquelle ils demandèrent à manger. Ceux-ci refusèrent de leur donner l’hospitalité. [Moïse et son compagnon] trouvèrent alors un mur qui menaçait de s’écrouler. [Notre serviteur] l’ayant étayé, [Moïse] dit : « Si tu voulais, tu réclamerais pour ceci un salaire. »

77/78 [Alors Notre serviteur] déclara : « Ceci [marque la] séparation entre toi et moi. Toutefois je vais te faire connaître l’explication de ce dont tu n’as pu [avoir] patience [de découvrir la cause].

78/79 Le vaisseau appartenait à de pauvres gens qui trafiquaient sur mer et j’ai voulu l’endommager [pour qu’il fût sans valeur aux yeux d’]un roi qui, derrière eux, s’arrogeait tout bon vaisseau, comme prise.

79/80 L’adolescent avait pour père et mère deux croyants. Nous avons craint qu’il ne leur imposât rébellion et infidélité [envers Allah] [17]

80/81 et nous avons voulu que leur Seigneur leur donnât en échange un [fils] plus pur que lui et plus proche de [leur] sollicitude.

81/82 Quant au mur, il appartient à deux adolescents orphelins, de la ville. Sous ce mur est un trésor qui leur est destiné. Leur père était vertueux et ton Seigneur a voulu qu’ils atteignissent leur majorité et qu’ils découvrissent [seulement alors] leur trésor par une bonté (raḥma) de ton Seigneur. Je n’ai point fait cela de mon [propre] chef. Voilà l’explication de ce dont tu n’as pu [avoir] patience [de découvrir la cause]. »

[Histoire de dhou-l-qarnaïn.]

82/83 Et ils t’interrogeront sur Dhou-l-Qarnaïn. Réponds : « Je vais vous communiquer un récit à son propos. »

83/84 Nous l’avons établi sur la terre et l’avons comblé de toutes choses. [18]

83/85 Il suivit donc une corde céleste [19]

[327] 84/86 jusqu’à ce qu’étant parvenu au couchant du soleil, il trouva celui-ci se couchant dans une source bouillante et il trouva un peuple près de [cette source]. [20]

85/86 Nous dîmes : « O Dhou-l-Qarnaïn ! [à toi] ou de tourmenter ce peuple ou d’accomplir du bien envers lui ! »

86/87 [Dhou-l-Qarnaïn] répondit : « Celui qui, [dans ce peuple], sera injuste, nous le tourmenterons puis il sera rendu à son Seigneur qui le tourmentera plus cruellement [encore].

87/88 Celui qui croira et accomplira œuvre pie aura, en retour, la Très Belle [Récompense] et nous lui formulerons des ordres faciles. » [21]

88/89 Ensuite il suivit une corde [céleste]

89/90 jusqu’à ce qu’enfin, parvenu au levant du soleil, il trouva celui-ci se levant sur un peuple auquel Nous n’avions pas donné de voile pour se protéger.

90/91 Ainsi advint-il, et Nous embrassons en Notre science ce qu’il détenait.

91/92 Ensuite il suivit une corde [céleste]

92/93 jusqu’à ce qu’étant parvenu entre les Deux Digues, il trouva, en deçà d’elles, un peuple qui ne pouvait comprendre un langage. [22]

93/94 [Ces gens] dirent : « O Dhou-l-Qarnaïn ! les Gog et les Magog sèment le désordre sur la terre. Pourrions-nous te remettre une redevance, à charge que tu établisses une digue entre eux et nous ? »

94/95 — « Ce que mon Seigneur m’a conféré vaut mieux [que vos dons] », répondit Dhou-l-Qarnaïn. « Aidez-moi [seulement] avec ardeur [et] j’établirai entre vous et eux un rempart.

95/96 Apportez-moi des blocs de fer ! » Quand il eut comblé l’espace entre les deux versants [des monts], il dit : « Soufflez ! » Quand il eut fait du fer [une masse de] feu, il dit : « Apportez-moi de l’airain que je verserai sur ce fer ! »

97/97 [Les Gog et les Magog] ne purent ni escalader ce rempart ni y pratiquer une brèche.

97/98 [Dhou-l-Qarnaïn] dit : « Ceci est une bonté (raḥma) de mon Seigneur.

98 Quand viendra [la réalisation de] la promesse de mon Seigneur, Il rasera ce rempart : la promesse de mon Seigneur est inévitable. » [23]

[328]

[Rappel du sort des impies et des élus.]

99 En ce jour, Nous laisserons les uns se fondre en d’autres, en un flot. Il sera soufflé dans la Trompe et Nous les réunirons d’un coup. [24]

100 Ce jour-là, Nous présenterons la Géhenne aux Infidèles

101 dont les yeux auront été fermés à Mon Édification et qui ne pouvaient entendre. [25]

102 Ceux qui sont Infidèles pensent-ils qu’ils pourront prendre Mes serviteurs comme patrons (’awliyâ’) en dehors de Moi ? Nous avons préparé la Géhenne, en partage, aux Infidèles.

103 Dis : « Vous ferai-je connaître ceux dont les actes sont les plus stériles ?

104 Ce sont ceux dont le zèle s’est égaré dans la Vie Immédiate alors qu’ils pensaient avoir bien fait.

105 Ce sont ceux qui sont incrédules envers les signes de leur Seigneur et Sa rencontre [au Jugement Dernier]. Vaines ont été leurs actions et, au Jour de la Résurrection, ils ne pèseront pas.

106 Voici leur récompense : la Géhenne, pour prix d’avoir été infidèles, d’avoir pris Mes signes et Mes Apôtres en raillerie.

107 Ceux qui auront cru et pratiqué les œuvres pies auront [au contraire], en partage, les Jardins du Paradis

108 où ils seront immortels et ne rechercheront aucun changement. »


109 Dis : « Si la Mer était une encre [pour écrire] les décrets de mon Seigneur, et si même Nous lui ajoutions une Mer semblable pour la grossir, la Mer serait tarie avant que ne soient taris les décrets de mon Seigneur. »

110 Dis : « Je suis seulement un mortel comme vous. Il m’est révélé que votre Divinité est une divinité unique. Que quiconque espère rencontrer son Seigneur, accomplisse œuvre pie et qu’il n’associe personne au culte de son Seigneur. »

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[1] 7 Sans doute faut-il comprendre avec les commt. que les richesses de ce monde seront réduites en poussière.

[2] 8 ar-Raqîm n’offre plus de sens sûr aux commt. qui y voient tantôt le nom du chien des Sept Dormants, tantôt l’équivalent du mot table, plaque (sur laquelle se trouverait gravée l’histoire des Sept Dormants ; il est fait mention de cette table dans la légende chrétienne), tantôt le nom de la cité des Sept Dormants.

[3] 10 Nous fîmes le silence etc. Text. : nous frappâmes sur leurs oreilles.

[4] 16 La caverne s’ouvrait vers le nord, en sorte que le soleil, n’y pénétrant point, ne touchait pas les Sept Dormants, au centre de celle-ci.

[5] 18 De même, on l’a vu à plusieurs reprises, les Ressuscités, au Jour de la Résurrection, ne peuvent dire combien ils sont demeurés dans la tombe. Les Sept Dormants, dont l’état s’apparente à celui des Ressuscités, sont donc la preuve de la réincarnation des morts ; le vt. 20/21, au début, revient d’ailleurs sur ce point.

[6] 20 bunyânan « une construction ». Le terme s’oppose ici au mot « sanctuaire » qui suit. Les commt. comprennent que deux opinions s’affrontèrent, dans la cité, quand les Sept Dormants furent morts. Les uns voulaient seulement murer l’orifice de la caverne où ils s’étaient retirés pour mourir ; les autres, au contraire, décidèrent d’élever un sanctuaire en ce lieu.

[7] 21 Ils diront = les Impies de la Mekke (selon les commt.). On peut se demander toutefois s’il ne s’agit pas d’une objection émise par les Chrétiens.

[8] 22 mirâ’an ẓâhiran « d’une manière superficielle ». Peut-être faut-il comprendre ici « d’une manière exotérique ». Il est fort possible en effet qu’on ait ici une interdiction faite à Mahomet de discuter avec des Non-Croyants sur la valeur donnée à ces nombres. Toutefois Razi se borne lui-même à préciser qu’il est seulement défendu à Mahomet de rien trancher. ǁ Parmi eux = parmi les Non-Croyants.

[9] 23 Interrogé par des Non-Croyants, au sujet des Sept Dormants, Mahomet, selon les commt., aurait remis au lendemain de répondre, mais n’aurait pas dit : S’il plaît à Allah !, formule propitiatoire indispensable en ce cas. La réponse divine, de ce fait, se serait fait attendre plusieurs jours, à la grande joie des Non-Croyants.

[10] 26 Nul modificateur à Son verbe. Sens reçu par les commt. Le contexte — et dans une large mesure, la construction — ne permettraient-ils pas de comprendre plutôt : en ne modifiant pas Son verbe ?

[11] 36 lâkinnâ « moi toutefois ». Ce début fait difficulté et a donné lieu à plusieurs déchiffrements. Le meilleur semble être lakin ’anâ qui est retenu de préférence à la leçon de la Vulgate. Il faut néanmoins sous-entendre [je dis].

[12] 43 Dont se gorgent. Text. : à laquelle se mêlent.

[13] 46 A votre naissance. Text. : la première fois.

[14] 49 Ceux qui égarent peut désigner à la fois les Faux Dieux, les Démons et les Impies.

[15] 72 Et ne me soumets point etc. Text. : et ne m’impose point difficulté en mon sort.

[16] 73 Text. : As-tu tué une âme (= une personne) pure, sans [compensation] d’une âme ?

[17] 79 Var. de la Vulgate : Et ton Seigneur a craint.

[18] 83/84 wa’âtaynâ-hu min kulli šay’in sababan « et Nous l’avons comblé de toute chose ». Il semble s’agir de dons magiques et non prophétiques, puisque la Reine de Saba en a reçu aussi.

[19] 83/85 sababan « corde [céleste] » est glosé, dans Tab. par manzil « lieu » et ṭarîq « route ». Dans la sourate XXII, 15, le terme a nettement le sens de corde (étymologiquement sabab représente la corde qui relie le voile de la tente au piquet fiché en terre). Il est vraisemblable qu’il s’agit ici d’un moyen magique qui permet à Du-l-Qarnayn de se déplacer d’un point de la terre à un autre, par les airs.

[20] 84 ḥamiyyatin « bouillante ». Var. : ḥami’atin « fangeuse ».

[21] 87 Nous lui formulerons etc. Text. : Nous lui dirons, de notre ordre, une facilité.

[22] 92 Les Deux Digues. L’expression a gêné l’exégèse qui a glosé as-saddayni par al-jabalayni « les Deux Montagnes ».

[23] 98 Il rasera etc. Text. : Il en fera un sol uni.

[24] 99 Dans ce vt. et les suiv. les verbes — au futur en français — sont en fait à l’accompli : les faits sont déjà tenus pour réalisés.

[25] 101 Les yeux auront été fermés. Text. : dont les yeux auront été sous un couvercle vis-à-vis de Notre Édification.