[1]
1 fataḥnâ
la-ka. « Nous t’avons octroyé. » Text. : Nous avons ouvert pour toi. ǁ
fatḥan « un succès ». Sur la valeur de ce terme, v.
sourate LVII, 10. — A quel succès le texte fait-il allusion ? Certaines
données rassemblées par Tab., posent qu’il s’agit de la prise de la Mekke.
C’est toutefois fort peu vraisemblable et l’allusion à une abstention
bédouine (vt. 11 sqq.) donne à penser qu’il s’agit du succès politique
remporté par Mahomet, par la convention de Hodaïbiyya. Dans l’ensemble
d’ailleurs, l’exégèse penche dans ce sens.
[2]
4 Présence
Divine. Cf. sourate II, 249. ǁ Afin qu’ils ajoutent
une foi à leur foi = afin qu’une foi plus vive encore augmente la foi
qu’ils ont déjà.
[3]
10 Ceux qui te prêtent serment etc. Les
commt. posent qu’il s’agit du serment prêté à Mahomet, par les Croyants, à
Hodaïbiyya. Mais peut-être l’expression vise-t-elle tout serment de cet
ordre. ǁ La main d’Allah étant [posée] etc. Détail de la prestation de serment, au cours de laquelle
ceux qui jurent posent la main ouverte sur celle, également ouverte, de
celui qui reçoit le serment. Ce geste symbolique qui rappelle celui de deux
contractants en une affaire commerciale se maintient durant tout le Moyen
Age, lors de l’intronisation des Califes.
[4]
11 Ceux des Bédouins laissés en arrière. La Tradition
historico-biographique dit qu’il s’agit de tribus bédouines qui, préférant
rester dans l’expectative, refusèrent de suivre Mahomet et les Croyants,
lors de la marche sur la Mekke en 628. Le terme al-muḫal-lafîna « laissés en arrière » n’implique point que les
Bédouins qu’il désigne aient été intentionnellement éloignés du combat et du
butin. Il suggère seulement qu’ils ont été portés à s’abstenir soit par leur
couardise, soit par la volonté divine de montrer leurs vrais sentiments à
l’égard de l’Islam. Ce dernier point est d’ailleurs mis en lumière par la
sourate IX, 82.
[5]
15 Selon la Tradition historico-biographique, ce vt. viserait
les Bédouins qui demandèrent à participer à l’expédition contre Khaïbar.
C’est sans doute aussi d’après ce passage que cette même Tradition rapporte
que seuls participèrent à l’expédition de Khaïbar, les Croyants ayant
renouvelé serment d’allégeance à Mahomet, à Hodaïbiyya. ǁ maġânima « des masses de butin ». Rappelons qu’à Khaïbar, tous les
biens détenus par les Juifs, y compris la terre, furent l’objet du
partage.
[6]
16 De
toute évidence, ce vt. et le suiv. sont originellement indépendants des deux
courtes révélations qui précèdent et ils leur sont postérieurs. L’ennemi
visé par l’expression : Un peuple plein d’une redoutable
vaillance, nous demeure inconnu ; cf. les données recueillies par Tab.,
qui posent qu’il s’agit des Perses (selon I. ‛Abbâs), ou bien des
« Romains » et des Perses (selon Ḥasan Baṣri, Qatâda, etc.), ou bien de la
tribu arabe des Hawâzin (d’après ‛Ikrima et Sa’id i. Jubayr). Cette dernière
interprétation est la plus plausible et, si elle est acceptée, elle situe le
texte après la prise de la Mekke, en 630. Elle n’exclut cependant pas une
autre conjecture. Il peut en effet s’agir d’un appel avant l’expédition de
Tabouk, contre la Transjordanie ; dans ce cas, la révélation aurait été
reçue avant octobre 630. A noter la prudence de Tab. qui, finalement, refuse
de choisir entre les interprétations traditionnelles.
[7]
17 Cf. sourate XXIV, 60 et la note.
[8]
18 Selon les commt., le proche succès dont il est question ici est la prise de
l’oasis de Khaïbar.
[9]
20 Les mains de
ces gens = les entreprises des ennemis des Croyants. Il doit s’agir des
Polythéistes mekkois qui, effectivement, s’abstinrent de tout acte hostile
contre les Médinois, après la trêve de Hodaïbiyya.
[10]
21 ’uḫrä « une autre
[chose] ». La restitution du mot chose est plausible
si l’on admet qu’ici commence une nouvelle phrase avec verbe sous-entendu :
Il a accompli. Les données de Tab. indiquent qu’il
s’agirait du succès politique représenté par la Convention de Hodaïbiyya. Si
l’on retient toutefois le détail de certaines expressions, et notamment le
vt. 27, il est donné plutôt à penser que ce texte fait allusion à
l’accomplissement de la ‛Umra, par Mahomet, en mars
629, conformément à l’accord de Hodaïbiyya.
[11]
22 Selon l’exégèse,
ce vt. ferait allusion à une démonstration des Mekkois qui, à Hodaïbiyya,
n’osèrent attaquer les Croyants, devant l’attitude farouche de
ceux-ci.
[12]
24 Selon les commt., ce vt.
ferait également allusion à une démonstration avortée des Mekkois, lors des
pourparlers de Hodaïbiyya. Cette interprétation fait toutefois difficulté à
cause de l’expression : Val de la Mekke qui doit
désigner la partie basse de la ville et non Hodaïbiyya, comme sont
contraints de le penser les commt. ; cf. Bay. qui glose par dâḫila Makkata « à l’intérieur de la Mekke ». Ici encore,
il semble qu’on ait une allusion à l’accomplissement pacifique de la ‛Umra en mars 629. Cf. vt. suiv.
[13]
25 Selon
certaines données, le vt. ferait allusion à une escarmouche entre Croyants
et Infidèles, au cours de laquelle ceux-ci auraient été repoussés jusque
dans la Mekke ; les Croyants n’auraient cependant pas poussé leur avantage
de peur de tuer, involontairement, des gens ayant reçu l’Islam en secret. Ne
convient-il pas plutôt de penser à l’accomplissement de la ‛Umra, en mars 629, au cours duquel les Croyants furent tenus de
respecter les biens des Polythéistes mekkois qui avaient évacué la ville
pour trois jours ?
[14]
26 Ce vt.
et les suiv. semblent indépendants de ce qui précède. ǁ La
Parole de la Piété. Traduction textuelle. Il doit s’agir du serment
d’allégeance, sous l’arbre de Hodaïbiyya ; cf. ci-dessus vt. 18.
[15]
27 Ce vt. est indubitablement postérieur à l’accomplissement de
la ‛Umra de mars 629. — ru’yâ
« la vision ». Il peut s’agir aussi bien d’une vision hallucinatoire que
d’une vision en rêve. Mais la Tradition parle seulement d’un rêve qu’eut
Mahomet à Médine, qui préluda au projet de Pèlerinage de 628. ǁ Et a placé… proche succès = et Il vous a donné la
possession de Khaïbar, avant de vous permettre d’accomplir la ‛Umra de 629. Cf. ci-dessus vt. 18.
[16]
29 Leur
marque propre est sur leur visage à la suite de leur prosternation
= on les reconnaît à leur gravité, après la Prière (?) ǁ Voici la parabole sur eux, dans la Thora et [voici] la parabole sur eux, dans
l’Évangile : [Ils sont] etc. Si le texte
coranique ne réfère à rien de précis, dans l’Ancien Testament, en
revanche, il résume l’Évangile de Marc, IV, 26 :
Il en est du royaume de Dieu comme de la semence qu’un
homme a jetée en terre !… La semence grandit sans qu’il sache comment.
La terre produit d’elle-même du fruit : d’abord de l’herbe, puis un épi,
puis un grain bien nourri dans l’épi. Aussitôt que le temps le permet,
on y met la faucille.